Des Fiertés colorées
Genèse d’une célébration de l’étrange (queer)
New York – juin 1969. En réponse à des arrestations arbitraires dans un bar de Christopher Street connu pour être fréquenté par des drag-queens et des travestis, des militants et militantes pour la dépénalisation de l’homosexualité organisent une marche. Répétée l’année suivante, cette Christopher Street Liberation Parade constitue les prémices de ce qui est désormais désignée comme la « Marche des Fiertés » en France.
Pour une ouverture du placard
Au-delà d’une manifestation ponctuelle, les Fiertés sont avant tout représentées par le mouvement LBGTQIA+. Son acronyme dénote la multiplicité de genres, d’orientations et d’identités sexuelles existantes. Ce mouvement polymorphe s’attache à légitimer, à défendre et à rendre visibles les personnes qui s’y identifient.
Ainsi, en s’intéressant à la déconstruction des normes définissant les genres et identités, des chercheurs et chercheuses tels qu’Eve Kosofsky Sedgwick et Judith Butler participent à la remise en question de ces normes sociales en posant un autre regard sur les différents aspects de ce mouvement.
Au pied de l’arc-en-ciel…
Souvent relégués en marge de la littérature dite « officielle », de nombreux auteurs et autrices à la Fierté colorée redéfinissent pourtant les canons des genres fictionnels. Romans d’initiation, témoignages, autofictions… La littérature est un des médias où la diversité des genres, identités et orientations redevient légitime. Ainsi, dans Notre-Dame-des-Fleurs, Jean Genet met en scène les tribulations de Divine, homme homosexuel se travestissant fréquemment. David, le narrateur de Giovanni’s room par James Baldwin, nous fait part de sa relation avec le personnage éponyme. Vécue comme une épiphanie, l’amour entre Giovanni et David conduit ce dernier à prendre conscience de son orientation sexuelle. Il en va de même pour les personnages de Conversation with Friends par Sally Rooney. À travers des échanges animés, ceux-ci se rendent progressivement compte de la dimension plurielle que peut revêtir le sentiment amoureux.
Toutefois, le cinéma n’est pas en reste ! Comme Luca Guadagnino et Céline Sciamma, de nombreux réalisateurs et réalisatrices contemporains mettent aussi en scène les balbutiements d’un premier amour qui entrainent le héros ou l’héroïne à découvrir sa véritable orientation sexuelle.
Une sélection est à retrouver au rez-de-chaussée de la BU et sur le catalogue en ligne.