Les tirailleurs : un devoir de mémoire
Une histoire coloniale
Dès le XVIIIème siècle, l’armée française recrute des soldats dans les colonies pour assurer la sécurité lors des transports maritimes.
C’est en 1857 que Napoléon crée le corps des tirailleurs sénégalais. Enrôlés volontairement ou par contrainte, ces hommes, qui dans un premier temps viennent du Sénégal puis d’autres pays africains, participent aux campagnes militaires et coloniales.
Durant les deux grandes guerres, ils sont plus de 400 000 à combattre pour la France.
La première Guerre Mondiale
En 1915, les tirailleurs sont recrutés parfois sous la contrainte et par la force, dans un pays où le besoin en soldats est grand. Ils sont 200 000 à participer à la Grande Guerre . Loin de chez eux, les soldats africains ne peuvent pas échanger avec leurs proches, ils sont coupés de leur famille, contrairement aux poilus.
En outre, la communication entre tirailleurs et soldats français est difficile à cause de la langue, mais aussi entre tirailleurs qui parlent différentes langues. Les ordres sont souvent donnés avec des verbes à l’infinitif et de manière simpliste. Ce langage est ainsi baptisé « le français tirailleurs ».
Considérés comme peu compétents, ils sont en tête des bataillons et sont ainsi plus exposés aux tirs de l’ennemi.
La seconde Guerre Mondiale et la décolonisation
Lors de la seconde guerre mondiale, l’Afrique équatoriale rallie De Gaulle. Les tirailleurs participent à divers combats, mais nombreux sont ceux qui vont être remplacés par les résistants, ce qui va accroître le sentiment de non-reconnaissance.
Lors de la campagne de mai-juin 1940, l’armée française s’effondre. Les troupes allemandes arrivent dans le sud du pays et, malgré une résistance active, les soldats français et les tirailleurs sont fait prisonniers. Environ trois mille soldats africains sont assassinés par les nazis sans aucun combat. Ces crimes racistes ont lieu à plusieurs endroits, mais c’est à Chasselay, dans le nord de Lyon, que les violences sont les plus fortes.
En 1944, les tirailleurs prisonniers sont libérés. Démobilisés, aucune compensation ou indemnité n’est décidée pour eux. Face à cette injustice, les anciens soldats se révoltent. Lors de la manifestation qui a lieu à Thiaroye au Sénégal, les troupes coloniales et les gendarmes tirent sur ces hommes, faisant plusieurs victimes et de nombreux blessés.
A partir de la fin de la guerre, le processus de décolonisation se met en place. Les pays colonisés gagnent peu à peu leur indépendance.
C’est dans ce contexte qu’en 1960 le bataillon des tirailleurs est supprimé.
Le devoir de mémoire
Malgré quelques monuments érigés à la mémoire des tirailleurs morts, les anciens soldats encore vivants n’auront pas les avantages et compensations financières promis lors de leur engagement. En effet, à partir des années 60 les pensions vont être gelées.
Ce n’est qu’après les années 2000, sous l’impulsion d’anciens vétérans, de leurs enfants et petits-enfants, que les gouvernements successifs répareront au compte goutte certaines injustices.
Cependant, il aura fallu attendre 2023 et un film leur rendant hommage, pour que les derniers vétérans encore vivants puissent enfin retourner chez eux, sans avoir à effectuer des aller-retour entre la France et leur pays d’origine pour conserver leur pension.
