COP 24 : la BU prend la température
Après les accords de Paris de décembre 2015, où 190 pays s’étaient engagés à limiter le réchauffement de la planète à 2°C, et alors que nombre d’États revoient à la baisse leurs ambitions de diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES), se tient du 3 au 14 décembre, en Pologne, la vingt-quatrième conférence internationale de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 24).
Le rapport produit par le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à cette occasion, éclaire sur la situation et les risques encourus. Les effets sont déjà apparents, notamment au travers de vagues de chaleurs plus intenses sur terre comme en mer et d’une plus forte intensité des pluies violentes. Au-delà d’un réchauffement de 1,5°C, d’après le GIEC, s’accroît considérablement le risque de perte et de dégradation d’écosystèmes, d’évènements extrêmes, mais aussi le risque de la montée du niveau des mers et de l’insécurité alimentaire, sanitaire et économique. La France, en raison notamment de l’importance de ses territoires maritimes et insulaires, figure actuellement parmi les vingt pays les plus touchés par le réchauffement climatique.
D’autres études scientifiques commettent un diagnostic plus alarmant encore : l’objectif d’une limitation du réchauffement à 1,5 C° serait obéré par un effet d’entraînement du réchauffement lui-même, cercle vicieux où la fonte du pergélisol 1permafrost en anglais, ces sols gelés toute l’année recouvrent 25 % des terres émergées de l’hémisphère Nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Ils peuvent être composés de microlentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres libère les gaz qu’il contenait jusque-là, accélérant ce-faisant le réchauffement.
Face à dernier, d’aucuns plaident en faveur d’une transition énergique et technologique, qui verrait s’étendre le marché des énergies dites renouvelables (20 % de la consommation de l’énergie dans le monde actuellement) : éolien, solaire et bien d’autres. Toutefois, le journaliste Guillaume Pitron, intervenant régulièrement auprès de la Commission européenne, rappelle par ses récentes enquêtes l’envers de la transition énergétique et des « green tech » : l’extraction de métaux rares (que l’on trouve aussi bien dans les batteries de voiture, les appareils de radiographie ou les smartphones), ressource non-renouvelable, que caractérisent une consommation énergétique intensive et un bilan environnemental catastrophique. Ainsi en Chine des pans entiers de terres se retrouvent infertiles, les fleuves et rivières environnants pollués, tandis qu’en Afrique l’on assiste à une contamination par le cobalt (République Démocratique du Congo).
Le GIEC, pour sa part, appelle dans ce contexte à la conduite d’une transformation fondamentale des modes de production et de consommation, dans tous les secteurs de l’activité, soulignant les bénéfices autres qu’un tel changement induirait en matière d’attention à la pauvreté et de résorption d’une faim dans le monde que l’ONU voyait croître à nouveau à la fin de l’année 2017. Une telle approche s’inscrit pleinement dans le cadre de ce que l’universitaire Michel Bourban désigne par l’expression « justice climatique ».
Vous pouvez consulter à la BU les ouvrages de ce dernier tout comme quantité d’autres sur le changement climatique et ses aspects politiques.
Notes
↑1 | permafrost en anglais, ces sols gelés toute l’année recouvrent 25 % des terres émergées de l’hémisphère Nord, notamment en Russie, au Canada et en Alaska. Ils peuvent être composés de microlentilles de glace ou de grosses masses de glace pure, sur une épaisseur de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres |
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